Actus nationales
Premier jour du Bac 2008 : Une épreuve de Philo dure pour l’«ancien régime» !
A voir des élèves abattus à leur sortie des salles d’examens parfois bégayant, on s’inquiète pour ces milliers de jeunes candidats qui portent déjà, et malgré eux, l’étiquette d’«élèves de l’ancien régime». L’épreuve de philosophie leur est restée dans la gorge et suscite la grogne dès le premier jour…
Tunis—Le Quotidien
Hier, 10h 45, l’heure n’a pas encore sonné pour quitter les salles d’examens. Pourtant des foules ont déjà pris forme devant le lycée de la rue de Marseille. La scène est classique : des groupes de candidats qui discutent de l’épreuve du jour. C’est aussi le décor qu’on devrait voir devant presque tous les lycées du pays puisque hier, c’était l’entame du marathon du Bac 2008. Seulement, en se rapprochant des candidats sortant à peine du lycée de la rue de Marseille, on sent qu’il y a de l’électricité dans l’air. Révoltées, fragilisées mais qui essaient péniblement de garder le feu de l’espoir en elles, Imène Tawa et son amie de classe Dejla Souissi, deux candidates littéraires de l’«ancien régime» étaient encore sous le choc lorsqu’on leur a demandé comment s’est passée l’épreuve de philosophie. Appelés à traiter un des trois énoncés qui portent tous sur une question philosophique, considérée très complexe, à savoir la rationalité expérimentale, les candidats de la section Lettres ont trouvé beaucoup de peine à négocier le sujet. «C’est de l’injustice ce que nous sommes en train de supporter», clame Imen. A propos de l’épreuve, les deux filles assurent que c’est la première fois qu’on propose aux littéraires des questions philosophiques aussi ambiguës souvent données aux classes scientifiques. «Je crois qu’il (NDLR : le ministère) a un problème avec les littéraires», dit-elle. Et son camarade d’aller jusqu’à considérer qu’on est en train de leur «mettre le bâton dans les roues». Cette idée absurde, et à la fois inquiétante, semble en effet nicher dans les esprits de plusieurs candidats de Lettres. Beaucoup parmi eux croient qu’on n’a plus besoin d’eux à la Fac. «On en a vraiment marre !», lance Dejla. Et de poursuivre «On est d’accord que les spécialités littéraires ne sont plus les branches les mieux placées à la fac. On comprend aussi que c’est d’abord de la science qu’on a besoin pour construire la Tunisie de demain, mais pitié, laissez-nous faire ce que nous aimons le plus et cessez de nous couper les ailes».
Dejla, qui assure que l’épreuve de philosophie a été inabordable pour tous les candidats de sa section, a continué à vider son sac en affirmant que le problème du système de l’éducation en Tunisie est un problème de communication. «Il y a une crise de communication entre l’élève et les professeurs», indique-t-elle. «On ne peut pas comprendre l’élève sans qu’on l’écoute !». Imène, qui pense déjà à la correction, n’a pas caché sa peur de voir la chance lui tourner le dos comme lors du bac de l’année dernière quand elle s’est vue redoubler alors qu’il ne lui manquait que 0,25 de plus dans la note finale de la philo.
Du côté des scientifiques, toujours dans la catégorie de l’ancien régime et à l’instar de tous leurs camarades candidats au Bac de rachat, on n’était pas mieux servi lors de ce premier jour. Talel Ouerghi, Tarek Charni et Houcine Mzoughi, trois candidats de sections scientifiques, ont tous considéré que l’épreuve de philosophie était conçue pour être traitée par les littéraires. «On a l’habitude d’avoir des sujets qui portent sur la philosophie dans ses rapports avec la science mais voilà qu’on nous surprend par une épreuve inattendue», indique Talel qui partage le même avis que ses deux camarades…
Ainsi et d’après tous ces témoignages de candidats de l’ancien régime, qui tenteront cette année leur dernier coup, l’épreuve de philo constitue un écueil en ce premier jour du Bac 2008. On leur espère des chances meilleures pour le reste du parcours.
H. GHEDIRI